Analyses politiques

Jean-Daniel Jeanneret en contradiction avec lui-même

Le conseiller communal Jeanneret, responsable de l’économie, a répondu aujourd’hui sur ArcInfo aux 400 signataires d’une motion souhaitant une économie circulaire et engagée prenant en compte les acteurs économiques locaux. En affirmant ne pas comprendre la démarche des auteurs de la motion, il s’est fâcheusement mis en contradiction avec le rapport qu’il a rédigé en juin pour solliciter l’appui du Conseil général en vue de la refonte de son service de l’économie.

Connu depuis des décennies pour sa suffisance qui est un véritable handicap pour lui, Monsieur Jeanneret est interrogé par ArcInfo sur la motion populaire signée par 400 personnes.

Photo Muriel Antille, ArcInfo, 2018

« Pour sa part, le conseiller communal chargé de l’Economie, Jean-Daniel Jeanneret, ne comprend pas la démarche de ces professionnels de la communication. «La consommation locale de produits fabriqués chez nous est juste. Mais quand il s’agit de prestations de service, la distance est moins importante.» Selon l’élu PLR, une bonne partie des motionnaires ont des mandats hors frontières cantonales: «Si on réfléchit de cette façon, leurs clients de Lausanne ou Genève n’auraient pas dû faire appel à leurs services.»

Une des motionnaires, Madame Corinne Chuard, dans son « infinie tristesse« , écrit sur Facebook ce matin : « Il y a un bug: d’un côté, on a une ville qui dépense son/notre argent hors territoire communal (qui ne va pas ramener un centime d’impôt en retour, qui ne va pas entraîner une consommation sur la ville qu’elle devrait soutenir par tous les moyens), et de l’autre on a des indépendant.e.s de la communication, en l’occurrence, dont les compétences rares sont recherchées (même à l’extérieur, eh oui…) et qui se débattent corps et âme pour ramener de la richesse sur leur ville et continuer d’y vivre. On ne demande pas d’obtenir les mandats, on demande juste de pouvoir participer à la première sélection des prestataires, et non pas d’être éjecté.e.s avant le premier tour de piste. De quel droit ces autorités osent-elles mettre en doute nos compétences professionnelles sans les avoir sollicitées?« 

La crise de confiance, voire même la défiance mutuelle, entre les deux parties est ouverte d’une manière d’autant plus curieuse que le rapport de Monsieur Jeanneret au Conseil général de fin juin énonce des postulats qui défendent le soutien aux acteurs économiques régionaux.

En effet, l’objectif du Conseil est de recréer un service de l’économie avec l’engagement à temps partiel de deux personnes : « un·e responsable du développement économique plutôt axé·e sur l’ancrage et le développement du tissu local« . et « un·e responsable du développement économique dont la mission sera plutôt orientée vers la facilitation, l’orientation et la séduction dans le but d’étendre les chaînes de valeur et de favoriser les implantations« .

De ce rapport nous avons extrait quelques paragraphes qui nous semblent en contradiction complète avec les paroles à l’emporte-pièce de l’élu PLR, curieusement d’ailleurs « taclé » par l’ancien président de la section chaux-de-fonnière du même parti, Christophe Ummel, dans un commentaire de l’article d’ArcInfo (« Naïvement, j’osais imaginer que le Conseil communal avait une explication plus intelligente que cela à fournir« ). C’est nous qui avons souligné les passages-clés.

(…) Le deuxième enjeu est celui du maintien du tissu économique. Les mouvements de concentration et de délocalisation se sont accélérés ces dernières années, tant dans le secteur secondaire que dans celui du tertiaire, et cela pour plusieurs raisons. Ceci entraîne d’une part un impact direct sur les finances de la ville et, d’autre part, une perte de valeur et de reconnaissance de l’attractivité de notre ville.  (…)

La fidélisation des entreprises constitue un quatrième enjeu. Elle peut passer par une implication des entreprises dans la vie culturelle, sportive et associative de la ville, mais aussi par une participation, idéalement active, dans des actions et des projets mis en place par les autorités et les services de l’administration. (…)

Dans un environnement administratif et réglementaire ayant tendance à se complexifier, il est nécessaire de veiller à accompagner, faciliter et renseigner les acteurs économiques pour qu’ils puissent se concentrer sur le développement de leurs affaires et trouver ici une bienveillance qui les encourage à considérer que l’herbe du pré d’à côté n’est pas plus verte que celle de nos pâturages d’altitude. Cela demande notamment au Service de l’économie de jouer le rôle de courroie de transmission entre les privés et l’administration (rôle transversal), ainsi qu’avec les autorités (diplomatie économique). (…)

Rappelons que l’objectif premier est de maximiser la captation de la valeur ajoutée créée dans la région. Celle-ci a en effet un impact positif sur les rentrées fiscales, les investissements locaux et la consommation locale. En dynamisant la circulation intrarégionale de l’argent, cette stratégie doit se révéler gagnante-gagnante et parfaitement cohérente par rapport à la vision de favoriser les circuits courts et de réduire la mobilité pendulaire. (…)

Le Conseil communal se trouve donc après une année de fonctionnement dans une situation pas loin de frôler la schizophrénie. D’un côté, il veut valoriser la bienveillance envers ses administrés, il crée des ateliers de réflexions participatives sur la place du Marché, il publie le premier numéro de son journal d’information, Le Tourbillon.

De l’autre, il renvoie dans les cordes des citoyens préoccupés de la valorisation d’entreprises de la ville, il en chicane d’autres par des informations lacunaires sur les chantiers, les désécurise quand ils traversent ces mêmes chantiers.

Un gigantesque travail d’auto-réflexion critique est donc nécessaire à nos sept hommes (les 5 conseillers communaux, le chancelier et le chargé de communication) pour trouver plus de cohérence entre les discours et les actes.

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