Cet article a pour but de rendre publics les contre-arguments des partisans de la H18, le contournement est de La Chaux-de-Fonds, face aux arguments des référendaires
Ce projet financé en partie par le Canton (73 millions) est pris en charge par la Confédération. Au même titre que celui de la J20 (contournement ouest de La Chaux-de-Fonds, contournement du Locle), dont la fin des travaux, en 2035, coïncidera avec la mise en service de la liaison ferroviaire rapide entre Neuchâtel et la Chaux-de-Fonds.


1. L’argument de l’augmentation du trafic
« Le contournement provoquera d’importantes augmentations de trafic sur des rues déjà très encombrées. La carte officielle H18 démontre que 2/3 des kilomètres de rues mesurées jouxtant des habitations subiraient une augmentation de trafic. »
Contre-argument : c’est incomplet
Il désengorgera les rues du centre historique (Hôtel-de-Ville-Balance-Versoix-Collège).
Encore faut-il s’entendre sur ce que signifie « important » et les deux tiers concernent surtout les rues Numa-Droz, Charrière et Grenier. Des mesures de compensation sont nécessaires et prévues (suppression des stops sur Numa-Droz, revêtement plus absorbants, limitation de la vitesse à 40 km…).
MAIS : Si on revoit complètement les flux de circulation pour désencombrer une grande partie du centre-ville, il faut accepter que les flux passent par ailleurs.
ET : dans 15 ans, le contournement de la H20, permettra aux flux de transit est-ouest de ne plus passer en ville.
DE PLUS : le contournement va de pair avec une volonté de limiter le trafic en ville pour en (re)faire un espace agréable à vivre, avec des bancs, des jardins, des placettes, des arbres, des jeux pour enfants, des terrasses où on peut boire un verre sans être entouré de bagnoles, etc. Dans cette perspective, la réouverture et l’animation du passage Zimmermann après 40 ans de fermeture pourrait être un symbole fort. Le contournement ne va pas à l’encontre d’une politique qui décourage l’utilisation de la voiture, elle l’accompagne. Par exemple : la rue du Progrès sera interdite aux voitures et réservées à la mobilité douce.
2. L’argument des bouchons
« Le contournement génèrera des goulets d’étranglement entre les deux ponts ferroviaires. Déjà à saturation aux heures de point avec 14’000 véhicules/jour, ce tronçon passerait à 22’200 v/j (+ 59 %) en 2025 avec H18 et à 27’000 (+93 %) en 2035 avec H20. Pour rappel, Le Locle est traversé par 24’000 v/j… donc ce contournement y créera la situation du Locle ! »
Contre-argument : c’est inexact et contradictoire
Avec la H20 et la H18, le trafic ouest-est/est-ouest et sud-est/est-sud sera fluidifié à long terme.
De plus, il n’y aura pas plus de « saturation » puisque les deux ponts vont être élargis. La «rapponse » H20-H18 est justement un moyen de libérer le Pod d’une grande partie des voitures qui traversent la ville. Exactement ce que fait aussi le Locle avec son contournement.
Cet argument « du Locle » se retourne donc contre lui-même.
La fin des travaux H18 est prévue pour 2027/2028 et la fin des travaux H20, dont la traversée du Locle en tunnel, en 2034/2035. Il faut penser aux enfants qui naissent aujourd’hui et qui seront adolescents à La Chaux-de-Fonds dans 15 ans.
PAR AILLEURS : le contournement aura AUSSI et SURTOUT des effets positifs sur l’est de la ville : rues de la Balance, du Versoix, rue Neuve, Léopold-Robert et rue du Collège qui sont totalement saturées aux heures de pointe. Le centre historique de La Chaux-de-Fonds va gagner en attractivité.
3. L’argument de la disproportion coût/flux
« Le contournement engendre une dépense de 186 millions de franc pour au final n’externaliser que 6’000 véhicules/jour. Ce qui correspond aux pendulaires traversant la ville en provenance du Jura et de Biaufond, comme l’indique le rapport de la Commission Mobilité du Grand Conseil … Une telle dépense pour un si petit effet se justifie-t-elle ? »
Contre-argument : c’est inexact
Avec la H20 et la H18, il y aura au moins un trafic de 12000 véhicules par jour dont tous les camions, autant de véhicules qui ne traverseront plus le cœur de la ville.
Ce contournement devra aussi capter une part du trafic interne : grâce à la H18 et à la H20, les automobilistes qui se rendront du quartier de l’hôpital aux Forges ne passeront plus par le centre-ville.
4. L’argument de la non-réduction du trafic
« Le contournement déplace essentiellement des flux internes ce qui augmente les kilomètres parcourus pour sortir de la ville. Le détour imposé aux habitant·e·s des quartiers Nord pour atteindre le tunnel de la Vue-des-Alpes allongerait la distance de leur parcours. Au 21e siècle on ne déplace plus le trafic, on le réduit ! »
Contre-argument : c’est inexact et mal mis en perspective
La question n’est pas de déplacer OU réduire, mais de déplacer POUR réduire.
Au 21e siècle, on espère des villes peuplées d’une majorité d’habitants qui n’ont pas de voitures, mais on sait que l’automobile ne va pas disparaitre. On supprime dès lors les axes de transit du centre-ville qui favorisent le trafic interne. En d’autres termes, il est contradictoire de penser que l’on peut laisser ces axes centraux ouverts et chercher à réduire le trafic. Quelles sont les possibilités ?
- Statu quo ? Personne ne conteste qu’il faut faire quelque chose pour diminuer le trafic.
- Fermer les axes de transit sans contournement ? Les charges de trafic de transit se reporteraient de manière encore plus forte sur Numa-Droz, Charrière, Crêt, Manège, Grenier…
- Diminuer drastiquement le trafic interne en réduisant plus qu’on le fait les places de parc et en rendant payant le stationnement ? La population de La Chaux-de-Fonds a refusé à 75% une politique de stationnement qui questionnait la normalité du parcage gratuit en 2011. Politiquement, il est difficile de prendre des mesures perçues comme anti-automobilistes, alors que les électeurs sont en grande partie des automobilistes.
MAIS :si on décourage « gentiment » le trafic privé, il y aura de plus en plus de gens qui se passeront de voitures, pour autant que la desserte en transports publics soit correcte, ce sera le cas avec le RER neuchâtelois.
Il faut enclencher une dynamique de changement modal, cela ne peut se faire en quelques années, il faut penser à 10 ans, 20 ans.
Les mesures prises aujourd’hui amélioreront la vie des générations futures. Il faut penser à long terme, gouverner, c’est prévoir.
5. L’argument de la destruction du paysage
« Le contournement détruit la beauté paysagère des Petites-Crosettes. Tel que prévu, le tunnel H18 et sa tranchée à ciel ouvert sacrifierait l’harmonie morphologique particulière des Petites-Crosettes. Un investissement additionnel de 4 à 6 mio à charge du canton permettrait d’allonger le tunnel et ainsi d’éviter cette blessure paysagère. Sauver la beauté du lieu est donc possible … ce n’est qu’une question de volonté politique ! »
Contre-argument : c’est paradoxal et exagéré.
Les référendaires ne sont pas aussi anti-béton qu’on pourrait le croire !
Les Verts et SolidaritéS qui ont lancé le référendum ne le font pas pour les mêmes raisons que certains riverains proches du vallon des Crosettes. Les arguments des référendaires semblent s’adresser à la fois aux défenseurs de la Nature et aux bétonneurs. Quant à la « beauté des Petites-Crosettes », ce n’est quand même pas le Lavaux, et le contournement se fera avec les exigences actuelles en matière de préservation de la diversité et des paysages. D’ailleurs, le vallon des Crosettes jusqu’aux Reprises ne sera touché qu’à l’ouest.
6. L’argument de la motion populaire
« Une motion populaire sera lancée, voulant qu’une « une somme de 73 millions sera allouée au désencombrement du centre-ville en cas de non ».
Contre-argument : c’est une illusion.
Les 100 millions de la Confédération seront perdus et jamais le peuple neuchâtelois ne votera une somme pareille pour La Chaux-de-Fonds après avoir refusé le H18.
Catégories :Analyses politiques, Le poids des mots