Pour illustrer la réalisation du futur café des musées qui remplacera les belles salles du rez-de-chaussée du Musée d’histoire, le Conseil communal a choisi une image bien masculine, à son image d’ailleurs : un café avec des bouteilles d’alcool à l’arrière : un bar pour beaufs ?
Faut-il s’étonner d’un tel choix et d’un tel rapport de demande de crédit sur ce nouveau lieu muséal ? Non, tout y respire la masculinité. Ce projet n’a été concocté que par des hommes puisque tout le Conseil communal n’est formé que d’hommes de même que le conseil directorial des musées.
Dans sa séance du mardi 30 août 2022, le Conseil général a accepté ce projet par 26 voix pour et 14 voix contre, avec un référendum lancé par le PLR et l’UDC le 9 septembre. Ces partis voudraient en rester à une dépense moindre qui ne prendrait pas en compte la réfection du parc mais qui accepterait la liaison MH-MIH et le café.
Nous trouvons ce projet flou, peu respectueux, non participatif et risqué.
Nous le trouvons flou sur :
- La viabilité du café et sa potentielle concurrence avec les établissements du centre ville; avec le café du Muzoo, ce serait le second café géré par la ville.
- Ses potentielles nuisances olfactives et sonores sur les visiteurs du MH. Nous n’osons imaginer visiter une exposition avec des odeurs de soupe ou de pizza.
- L’importance des interventions qui modifieraient l’architecture patrimoniale du rez-de-chaussée et qui y porteraient atteinte.
- Les ressources humaines potentiellement nécessaires pour faire vivre les trois musées et en particulier le café dans leur nouveau fonctionnement.
Nous le trouvons peu respectueux à l’égard des sponsors et des centaines de citoyens, amis du MH ou autres, ayant donné de l’argent pour les 500’000 francs d’une muséographie nouvelle en 2014. Elle a coûté 1 million et on prévoit de demander 500’000 francs pour la changer ou l’améliorer, notamment dans l’entier du rez-de-chaussée (cf plus bas). Toutes les institutions et personnes qui ont versé, parfois des sommes importantes, pour ce projet ont des raisons d’être attristées par la disparition partielle de ce à quoi elles ont contribué.
Nous le trouvons non participatif car
- Les amis du MH, aussi des citoyens, ayant contribué par leurs dons à la rénovation de 2014, n’ont pas été associés au contenu : ils n’ont été ni informés ni consultés (sauf leur comité) pour proposer des idées. Et cela contrairement à la rénovation et à l’extension du Musées des beaux-arts dans les années 90, la rénovation du Musée d’histoire en 2010-2014 et la création du Muzoo dès 2019 où les membres amis avaient été consultés en assemblée générale avant le passage des rapports au Conseil général.
- Un partenariat public-privé aurait pu être imaginé pour créer dans le parc un café avec terrasse en été et jardin d’hiver à l’extérieur, une réalisation architecturale de référence et originale, alliant la simplicité digne de Le Corbusier aux économies d’énergie. Une construction audacieuse et ambitieuse reflet de l’esprit pionnier de notre métropole. À Bilbao, le café du Musée Guggenheim se trouve sur une esplanade à côté du vaisseau de Frank Gehri.



Nous le trouvons risqué par
- La rentabilité aléatoire du café : elle devrait garantir que la modification architecturale et muséographique du rez-de-chaussée en vaille la peine et que les changements opérés ne se soldent pas par un fiasco dans quelques années.
- La menace sur l’autonomie à moyen terme du Musée d’histoire, notamment la pérennité de son propre espace d’accueil vendant des billets. L’entrée actuelle pourrait être remise en cause pour des questions d’économie, faisant ainsi du musée et de son bâtiment un simple satellite institutionnel et physique du MIH : le MIH deviendrait l’unique porte d’entrée du MH, accessible alors seulement par la liaison en sous-sol et l’ascenseur.
En 2014, le rez-de-chaussée avait été conçu comme une porte d’entrée muséographique dans la ville avec, en plus des trois salles ci-dessous, le film montré dans la grande salle 2.



Dès 2024, la réalisation d’un café et d’un espace pour « apéritif dînatoire » dans ce rez-de-chaussée est ci-dessous visualisé par notre montage. Tout y respire la pensée masculine : le vocabulaire (« shop » et « apéritif dînatoire ») et les bouteilles d’alcool derrière le bar. Où sont les enfants, même en images de synthèse, dans le projet de nos papis et grand-papi ?
On entrera dans ce musée et on verra d’abord un café et un bar et non la ville ! Un reniement de ce qui a été inauguré il n’y a même pas huit ans en octobre 2014.
Il faudra s’y résoudre par solidarité concitoyenne… Bonne chance à ce café pour la seconde bataille culturelle en 12 ans après le référendum du l’UDC contre la rénovation du MH en 2010. Beaucoup, dont nous sommes, ont combattu en première ligne, du 1er avril au 26 septembre 2010, et se tiennent prêts à soutenir le projet malgré tout. Mais en troisième ligne, dans l’armée des citoyennes et citoyens qui croient encore en une ville qui veut devenir capitale culturelle suisse prochainement.


Catégories :Le choc des photos, Séances du Conseil général
Mais, Daniel!!… Où donc vois-tu de la masculinité dans ce projet?? Des bouteilles d’alcool dans un bar… comment dire? C’est un peu trivial, non?
Perso, je perçois bien plus de bêtise que de masculinité dans ce projet! Faire un troquet dans un bidule qui accueille 122 visiteurs par an, franchement…
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