Acheté en 1972 par la Ville, le terrain de l’Ancienne n’a toujours pas trouvé d’affectation qui fasse le consensus. Espérons que le projet du Parcapluie initié par un collectif citoyen ira de son beau chemin avec inventivité et audace.

En juin 2020, nous écrivions : »Préserver le terrain de l’Ancienne au lieu de le transformer en parking semble acquis après les milliers de signatures recueillies par une initiative populaire. Il faut maintenant proposer des idées nouvelles pour créer un lien entre le futur zoo-musée et cet espace vert »
Le 3 décembre 2020, quelques jours après l’acceptation historique de la H18 par 82 % des Chaux-de-Fonniers, est déposée à la Chancellerie communale une motion populaire de 600 signatures proposant au Conseil communal d’étudier la création sur ce terrain d’une aire de jeux couverte, le Parcapluie.

Les motionnaires, initiants du projet, sont au nombre de douze : Sarah Blum, Daniel Culebras, Robin Erard, Aline Girardbille, Lucas Hirsig, Armin Kapetanovic, Géraldine Martin, Antoine Pottier, Lyne Racine, Bastien Reber, Joane Tissot, Yves Tissot. Ils ont en tête que c’est en septembre 1972 que la Ville de La Chaux-de-Fonds a acheté ce terrain à la Société de gymnastique L’Ancienne. Déjà à l’époque l’affectation future de ce terrain échauffait les esprits !

Pour eux, dans leur argumentaire, les villes modernes proposent peu d’activités à l’abri en cas de mauvais temps : centre commerciaux, sportifs, culturels ou de loisirs sont souvent payants et nécessitent une planification. Alors que la place de jeux est « l’incarnation de l’improvisation. On peut y passer cinq minutes comme plusieurs heures. On s’y rend sur un coup de tête, lorsque l’on n’a rien prévu. Repère rassurant, la place de jeux est immuable, populaire et prête à accueillir n’importe qui, presque à n’importe quel moment. Madeleine de Proust de nombreux adultes, elle forge les souvenirs de l’enfance et participe au développement de nos aptitudes sociales. La place de jeux, c’est la collectivité en version miniature où se croisent les citoyens de la ville de demain« .
Quel meilleur emplacement pour le coup que le quartier Cibles-Muzoo, un pôle-famille incontestable, facilement accessible à pied ou en transports publics et surtout à côté du Muzoo.

Dans leur petit montage internet, les motionnaires partagent une extraordinaire image d’un lieu couvert et écologique : la mosquée de Cambridge, récemment inaugurée.

Construite en bois en marbre, son empreinte carbone avoisine zéro. Les eaux pluviales sont récupérées pour le nettoyage. Des panneaux solaires sur le toit génèrent de l’électricité. Une pompe à chaleur aérothermique sur le toit absorbe la moindre vague de chaleur pour l’utiliser dans le réchauffement de l’eau stockée dans les réservoirs qui est aussi utilisée pour le chauffage et l’hygiène. Cet exemple d’un bâtiment en partie clos construit en bois devrait aiguillonner les esprits pour un audacieux concours d’architecture.
Un partenariat public-privé et la création d’une association citoyenne impliquée dans la gestion du nouveau lieu nous semblent aussi des idées à explorer pour éviter une première opposition possible : celle d’élus rétifs à toute nouvelle infrastructure impliquant des frais de fonctionnement supplémentaires. La seconde opposition pourrait venir des irréductibles partisans du « laissons-vivre-la-nature », quelques farouches GIB (Gegenimpfbeton). Ces citoyens respectables que nous connaissons existent et savent se faire entendre quand ils se sentent agressés dans leurs croyances.
C’est dire que le destin de cette motion populaire va dépendre des garanties que pourra donner le Conseil communal au Conseil général qui l’examinera prochainement.
Pareil beau projet mériterait au moins une étude de faisabilité avec la participation citoyenne des motionnaires. Ils ont notre soutien enthousiaste et tant pis pour le rucher communal…

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