Le choc des photos

Les riverains des rues du Grenier, du Marais, de la Charrière et Numa-Droz devront se sacrifier pour privilégier l’intérêt général

De nombreux riverains des rues du Marais, de la Charrière, Numa-Droz et du Grenier ont découvert dans ArcInfo ce qui deviendra leur vie quotidienne avec le contournement est de la ville : une augmentation du trafic sur leurs rues de 60 à 170 %. ls devront se résoudre à se sacrifier pour le bien commun, à condition que soient tenues les promesses mises en avant au Conseil général le 28 novembre 2019. Le POP en particulier doit être remercié pour avoir forcé le Conseil communal à étudier des mesures de réduction de vitesse significatives. Sinon, des référendums ou initiatives de résistance sont à craindre.

Le 30 mars, le Grand Conseil devrait accepter un crédit d’engagement de 186 millions de francs, dont un peu plus de 73 millions à charge du canton, pour la réalisation du contournement est de La Chaux-de-Fonds par la route principale H18. 

La réalisation de ce contournement aura pour conséquence une nouvelle distribution du trafic au centre-ville. Une réorganisation du trafic et une requalification de certaines routes seront nécessaires afin de drainer un maximum de véhicules sur le nouveau tronçon.

Dans notre ville, le rapport sur le plan directeur partiel des mobilités (PDPM) lié au projet de contournement est a été accepté à 34 voix sans opposition et deux abstentions le 28 novembre 2019 au Conseil général. Grâce au POP, le Conseil général a forcé in extremis le Conseil communal à engager une étude sur quelques mesures conpensatoires pour les riverains comme la réduction de la vitesse à 40 à l’heure sur les rues collectrices.

Exprimé crûment, il faut bien que le tunnel fasse du chiffre (assure un volume de trafic suffisant) pour mériter d’être construit et légitimer sa nécessité. Pour que le tour soit joué, il faut boucher certaines rues, actuellement de transit, notamment la Balance. C’est le marché que certains écologistes ou le parti Solidarités considèrent comme un marché de dupes : un cadeau empoisonné pour la ville ! Ainsi le candidat de Solidarités au gouvenement, Dimitri Paratte, pense que « l’intérêt général, ce n’est pas créer de nouvelles routes, mais de diminuer les émissions de CO2 et de protéger la santé des citoyen.ne.s. Ça peut passer par la subvention des moyens de transports collectifs, publics et rapides pour permettre aux travailleurs et travailleuses d’aller au boulot et aux habitant.e.s de se déplacer pour les courses et les loisirs. Pour diminuer les émissions de CO2, aucune nouvelle route ne doit être construite parce que ça provoque un « appel d’air » et engendre plus de trafic et plus d’émissions de CO2 (sur site ou délocalisées avec des voitures électriques) »

Les rues touchées

Ce PDPM est donc indispensable pour mettre en place les mesures d’accompagnement incitant les automobilistes à utiliser la future H18. Il a permis surtout aux autorités communales de définir les espaces et rues qui seront réaménagés suite à la diminution du trafic au centre-ville.

L’infographie parue dans ArcInfo le 24 mars permet de résumer la situation pour les rues touchées par une augmentation de trafic.

©ArcInfo

Le projet de contournement H18 vise six objectifs dont deux sont paradoxaux pour les riverains des rues affectées par une augmentation du trafic.

  1. Le premier est « améliorer la qualité des espaces publics et la qualité de vie des habitants ». Dans le centre-ville de La Chaux-de-Fonds, les baisses de trafic liées à l’évitement H18 offriront une opportunité fondamentale de requalification des espaces publics. Pas autour du collège de la Charrière !
  2. Le second objectif déchirant est l’améliosation des conditions environnementales. Les nuisances environnementales dues au trafic automobile sont actuellement significatives à La Chaux-de-Fonds. En délestant le centre-ville d’une partie de son trafic, l’évitement H18 doit permettre de réduire sensiblement ces nuisances et d’améliorer la qualité de vie des habitants. Pas le long de la rue du Grenier, « rue collectrice », très passante pour nombre de piétons et d’écoliers du collège des Crêtets.

Ces améliorations incontestables pour le plus grand nombre d’habitants ne le seront en réalité pas pour une minorité.

La rue de la Balance piétonne

Ce nouveau plan de circulation repose sur ce concept-phare : ´inciter les usagers à emprunter les axes d’évitement pour le trafic de transit (en l’occurrence le tunnel de la H18) ainsi que certains trajets internes (en l’occurrence les rues touchées, surtout Marais-Charrière-Numa-Droz !) ou en échange avec d’autres villes’ (la rue du Grenier qui mène à Neuchâtel).

Le principal changement sera l’impossibilité de traverser la ville du sud au nord par le rue de la Balance. En effet, la réalisation d’une zone piétonne sur la rue de la Balance entre la place de l’Hôtel-de-Ville et la rue du Puits (avec bus et cycles autorisés et maintien de l’accès au parking de la place du Marché) désengorgera cette zone de la vieille ville. Seront ainsi garanties la continuité des itinéraires piétonniers entre la place du Marché et la promenade des Six-Pompes, ainsi que la mise en valeur du patrimoine bâti.

De même l’introduction d’un sens unique en direction du nord sur la rue du Versoix (avec un contresens cyclable), requalifiera l’espace public en faveur des transports publics, des piétons et des cyclistes. On ne pourra doncc plus aller d’est en ouest par la rue de la Balance en tournant sur la rue Neuve ! Ces améliorations seront magnifiques pour les riverains et la future place du Marché piétonne. Dans un sens, tant mieux !

Les conséquences et les promesses

La réalisation de la H18 et du PDPM induit donc des reports de trafic sur certains axes tels que Marais-Charrière, Numa-Droz et Grenier. Le Conseil communal promet qu’ils feront l’objet d’une attention particulière au niveau de leur réaménagement pour s’assurer que le report de trafic n’entre pas en conflit avec le respect des normes environnementales, en particulier au niveau de l’air et de la protection contre le bruit.

Sur la rue Numa-Droz et à ses abords, deux solutions importantes suivantes devraient être mises en œuvre :

Pose d’un revêtement phono-absorbant : les différents tests effectués ces dernières années sur la rue Numa-Droz n’ont pas été concluants quant à la durabilité de l’aptitude phono-absorbante de ces revêtements. Aujourd’hui, une alternative existe avec le type de revêtement posé en 2017 sur la chaussée sud de l’avenue Léopold-Robert, entre la poste et le Grand-Pont.

Réduction de la vitesse à 40 km/h : une limitation permanente à 30 km/h est exclue, car les rues de la Charrière, Numa-Droz et du Grenier sont des routes de transit ou collectrices et une telle baisse risquerait de provoquer un report de trafic dans les rues de desserte des quartiers adjacents. Néanmoins, un abaissement à 30 km/h pendant la période nocturne reste une mesure envisageable.

Il sera aussi garanti que certains carrefours dangereux (les cercles rouges) seront réaménagés. Ainsi, on peut espérer que le carrefour Grenier-Régionaux-David-Pierre-Bourquin, un des plus périlleux de la ville pour les piétons, sera davantage sécurisé.

Position du POP et des Verts lors de la séance du 28 novembre 2019

Seuls ces deux partis se sont très clairement positionnés, notamment en finissant par arracher la victoire d’un postulat, pour défendre la cause des riverains touchés.

Par Marina Schneeberger, le POP s’est interrogé : « Un des axes qui deviendra problématique – qui l’est déjà du reste – c’est la rue Numa-Droz. Un revêtement phonoabsorbant sera posé et la vitesse sera réduite à 40km/h. Est-ce suffisant ? Cette rue sera une rue dite « collectrice » et les stops seront supprimés. Y aura-il alors une augmentation du nombre de camions ? De Fangio qui se permettront de pousser les gaz le long de cette belle rectiligne droite sans obstacles ? Et combien de radars fixes seront posés aux endroits dangereux et stratégiques de ce futur boulevard ? (…) Un autre point noir : la rue du Marais. Actuellement, elle est à 30km/h car elle dessert le Collège de la Charrière et Alfaset. Ces deux institutions existeront toujours lors de la mise en circulation du contournement est de la Ville. Pourquoi remettre cette rue à 50km/h ? Quelles mesures seront prises pour la sécuriser ? Pourquoi ne pas faire comme pour Numa-Droz, instaurer un 40km/h, s’il n’est pas possible de garder le 30km/h ? Du mobilier urbain sera-t-il installé vers Alfaset et vers le Collège de la Charrière ? (…) D’autres axes seront certainement problématiques, tels que les rues du Grenier, du Midi, des Forges, de la Charrière, de la Pâquerette. Pourquoi ne pas instaurer, pour toutes ces rues dites « collectrices », un 40 km/h généralisé ? »

Par Marc Fatton, les Verts ont notamment déclaré : « De fait, Charrière/Numa-Droz/Forges ou Etoile/Crêt/Manège, Grenier, Crêtets, axes de liaisons souvent déjà perturbés, devront endurer des hausses significatives de trafic, avec comme corollaire l’augmentation de nombreux carrefours problématiques, l’augmentation du bruit, de la pollution et une diminution de la qualité de vie de nombreux habitants. Maigre bilan pour ces habitants de notre Ville au vu des investissements consentis. (…) Monsieur le Conseiller communal [Arlettaz], j’aimerais encore entendre vos réponses sur deux points. Sur la rue du Marais, est-ce que vous pensez prendre des mesures de 30km/h ou 40km/h et est-ce qu’un mobilier urbain va être installé ?« 

Marc Arlettaz, le conseiller communal UDC de l’époque, responsable du trafic, s’était montré très peu ouvert à mettre la rue du Marais en zone 40 : « Sur la rue du Marais, il s’agira effectivement qu’il y ait un projet de réaménagement soigné qui soit prévu sur toute la longueur qui est actuellement en zone 30, c’est-à-dire de la rue du Collège jusqu’à la rue de la Charrière. Ce projet de réaménagement comprendra certainement des éléments physiques avec un certain nombre de contraintes qui sont particulières à La Chaux-de-Fonds. Il comprendra évidemment des mesures qui permettront une parfaite sécurisation des différents carrefours, qui permettront évidemment une maîtrise des vitesses à un niveau qu’il s’agira de déterminer en fonction de l’aménagement de manière à garantir, quelle que soit la vitesse qui sera finalement retenue, une parfaite visibilité au niveau des carrefours et au niveau des traversées piétonnes. Il est donc trop tôt pour donner la valeur numérique de la vitesse maximale autorisée sur ce tronçon. »

Postulat du POP accepté de justesse

L’ensemble du Conseil général, sauf deux abstentions, avait accepté ce rapport d’information par 34 voix. À la fin de la séance, par 15 voix contre 14 et plusieurs abstentions, le POP avait réussi à faire céder le Conseil communal sur deux points qu’il sera obligé d’étudier :

La possibilité de réduire la vitesse à 40km/h sur toutes ou partie des rue collectrices

La possibilité de limiter à 30km/h sur toute ou partie de la Ville sur les horaires de nuit

L’immense espoir des riverains touchés sera le Conseiller communal Patrick Herrmann, responsable du trafic et des limitations de vitesse. Il aura à être beaucoup plus ouvert que Marc Arlettaz ! Le paradoxe insoutenable serait que cet élu vert soit le valet des automobilistes ! Nous le connaissons, lui faisons confiance et le remercions d’avance de son action : ce sera du baume sur des rues meurtries et sacrifiées.

3 réponses »

  1. Un contournement qui n’en est pas un. Et des inconvénients en cascade, tels que tu les démontres dans cet excellent papier. Une fois de plus, ici, on fait les choses à l’envers.

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