Le poids des mots

Le personnel communal croît-il de manière inconsidérée ?

Le principal sujet de débat lors de l’acceptation du budget 2021 le 22 décembre 2020 a été l’augmentation de cinq emplois plein temps (EPT) du personnel communal. Nouveaux venus dans l’arène politique, les Vert’libéraux ont choisi leur baptême du feu en refusant d’accorder au Conseil communal cette augmentation. Leur position est risquée en terme de crédibilité car leurs arguments-chocs sont discutables et manquent d’une vison globale objective de l’évolution et de la situation de notre personnel communal.

Cet article se propose donc d’éclairer la problématique en s’intéressant notamment à des comparaisons avec d’autres communes de Suisse qui montrent que notre ville gère correctement son contingent de presque mille emplois plein temps. De même les sacrifices demandés au personnel depuis 2017 doivent être rappelés.

Photo © ArcInfo

1. Les sacrifices imposés au personnel depuis 2017

Commençons par rappeler que le premier budget de l’ancienne législature a été placé sous le signe d’économies importantes générées par des modifications des conditions de travail des employé·e·s. Sous l’implusion de Laurent Kurth, le personnel bénéficiait de réductions d’horaires en fonction de l’âge. Elles ont été supprimées et partiellement compensées par un octroi pour tous d’un pont AVS par 1/13 ou 1/14 entre 64 ans et 65 ans pour les hommes et entre 63 ans et 64 ans pour les femmes.  De plus une modification du droit aux vacances a été introduite : 5 semaines jusqu’à 49 ans, 6 semaines depuis 50 ans, 6 semaines quel que soit l’âge pour les cadres et les chefs de services (et non plus sept semaines dès 60 ans)

2. L’évolution des EPT entre 2017 et 2021

Nous avons fait le fastidieux mais nécessaire et objectif exercice de comparer les budgets 2017 et 2021, groupes de services par groupe de services. En 2017, une enveloppe de 975 postes avait été votée. En 2021, elle est passée à 988. Cette augmentation n’est nullement « inconsidérée« . D’abord certaines augmentations ou diminutions s’expliquent par des variations de population obligeant la ville à fournir des prestations imposées par le canton. Il y a moins d’enfants à l’école mais plus de personnes à l’aide sociale. Des places dans les crèches et dans les strutures d’accueil parascolaire (repas de midi notamment) sont nécessitées par des lois cantonales. Si quelques augmentations (communication, bâtiments et logement, services techniques) étaient indispensables pour le fonctionnement de certains services, d’autres sont restés quasiment stables (espaces publics, bibliothèques, musées) ou ont même légèrement diminué.

Dans notre ville il n’y pas un service qui ne fonctionne à flux tendus et nous défions les élu·e·s à prouver que des employés·e·s communaux sont en trop grand nombre. Finalement certaines augmentations sont autoportées (typiquement : davantage d’employé·e·s de la sécurité pour davantage de recettes liées aux contrôles du stationnement).

3. Comparaison avec d’autres villes suisses

Dans un fascicule intitulé Comparatif 2019 des finances cantonales et communales, édité par l’IDHEAP, on trouve notamment un tableau compararif des engagements nets supplémentaires dans les villes suisses. La Chaux-de-Fonds ne fait pas exploser le plafond : en dix ans, 2,1 % d’augmentation ! Utiliser de grands mots effarouchés relève donc d’un manque d’informations globales, à moins que certains partis veuillent effectuer l’ultima ratio que notre Conseil communal a tenté sous les yeux de la caméra de Robin Erard et Samuel Chalard dans Ville cherche héros.

L’UDC, les VL-PDC et le PLR trouveront facilement vingt postes en diminuant le déneigement en hiver, en supprimant les arrangements floraux, en faisant l’impasse sur un musée, en augmentant les effectifs de classe et en fermant les piscines un jour par semaine et les musées-bibliothèques deux jours au lieu d’un. Mais qui alors voudra rester dans une ville sinistrée et qui viendra y habiter ?

4. La position des Vert’libéraux

Sur ce point on comprend donc mal le raisonnement des Vert’libéraux qu’ils ont mis en avant pour justifier leur refus de voter le budget des emplois plein temps. Pour eux si la population baisse, le nombre d’employés devrait aussi baisser ! Or, notre ville, notamment, ne choisit pas d’avoir davantage de concitoyen·ne·s en situation précaire. Et si elle choisit de diminuer ses prestations, elle deviendra le serpent qui se mord la queue en terme d’attractivité.

De même ce nouveau petit parti, qui a mis tant de belle énergie à se présenter comme un pivot entre la gauche et la droite, veut-il se positionner dans une stricte logique d’économie sur le personnel ? Son envie d’avoir une « commune où il fait bon vivre », en « promouvant l’offre culturelle et sportive par des événements susceptibles de faire rayonner notre région dans toute la Suisse » avec un « dialogue mutuel », en favorisant noamment « les synergies dans le domaine de la culture, en ville comme entre communes et régions voisines », bref son envie programmatique tombera vite à l’eau et éloignera de lui des électrices et électeurs qui l’ont soutenu quelque peu le 25 octobre !

Ce d’autant que le postulat qu’il défendu le 22 décembre a surpris tout le monde. Pour « compenser » l’augmentation légère du nombre d’EPT, les VL ont demandé au Conseil communal d’étudier la possibilité de mettre un frein à l’engagement  en  réduisant  l’augmentation des EPT prévues au budget 2021 et, pour les postes qui seraient indispensables, de  proposer des contrats à durée déterminée. Idée en soi estimable mais assortie d’un corrélatif paradoxal : réduire de moitié « la taxe déchets pour les entreprises chaux-de-fonnières« .

Nous imaginons que nos ami·e·s VL voulaient parler de la taxe de base, qui est budgétée à quelque 420’000 francs. Ils auraient donc privé la ville de plus de 200’000 de recettes dans un domaine étroitement lié au déveleppement durable où chacun doit, selon la loi fédérale, être payeur quand il est pollueur. Voilà un vrai serpent qui se mord une vraie queue !

Logique « verte » bien aporistique pour notre nouveau parti qui, ce 22 décembre, est entré dans l’arène avec l’envie immédiate d’en découdre. Sa marge de manoeuvre est très étroite car il n’a pas de représentant à la commission financière. Peut-être choisira-t-il a, en janvier 2022, de lancer un refrendum contre une nouvelle et éventuelle augmentation des EPT !

Il lui faudra alors du coffre et des alliances !

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3 réponses »

  1. Le budget ne comportant aucun indice d’aide à la crise covid pour les entreprises et commerçants, une réduction de la taxe déchet pour cette année aurait pu être une approche possible. Les Vert’libéraux ont finalement retiré leur motion car elle présentait l’inconvénient d’aider aussi proportionnellement les grosses structures et ceux qui n’ont pas souffert de la crise.

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