Beaucoup de citoyens se demandent pourquoi, contrairement à ce qu’ils attendaient, espéraient ou craignaient, l’UDC a gardé son siège au Conseil communal et pourquoi le résultat des Verts est différent dans les deux élections. Réponse dans l’analyse qui suit.
Pourquoi l’UDC a-t-elle gardé son siège au Conseil communal ?
Remarquons d’emblée que si le peuple ne pouvait pas choisir directement son Conseil communal (comme à Val-de-Ruz, Val-de-Travers, La Grande Béroche, Milvignes, où c’est le Conseil général qui élit le Conseil communal, à l’image de l’élection du Conseil fédéral par l’Assemblée fédérale), l’UDC aurait perdu son siège. Avec ses 11,5 %, elle n’aurait pas réussi à avoir au moins la moitié des suffrages des Verts. Ceux-ci, avec leur 23,5 %, auraient gagné deux sièges, avec un Conseil communal de gauche et un PLR.
Il y a deux réponses à cette question : la première ne fera pas plaisir à la gauche puisque, nous l’avons écrit mercredi 22 octobre, elle a offert sur un plateau son siège à l’UDC en refusant la proposition PLR de différer le crédit de piétonnisation de la place du Marché. Privé de référendum, l’UDC n’aurait pas réussi à mobiliser les quelque cent électeurs qui lui auraient manquer sinon. En effet, elle reçoit 4951 suffrages et les Verts 8865. Elle a donc une marge de 509 suffrages par rapport à la moitié de ceux des Verts. 509 suffrages, c’est 103 électeurs qui ont voté la liste Brechbühler les mercredi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche suivant l’annonce du référendum.
La seconde réponse est que pour la première fois dans l’histoire de la Ville il n’y plus un parti dominant capable de creuser un écart significatif avec le parti arrivé cinquième. Par la magie, ou l’équité, du système proportionnel, l’UDC parvient à conserver son siège avec même pas 12 % des votes ? Au Conseil communal Verts (20,7 %, PS (19,6 &), PLR (19 %) et POP (17,9 %) se tiennent dans un mouchoir de poche. Par sagesse sûrement, et pas par aveuglement, l’électorat chaux-de-fonnier a voulu que les responsabilités soient partagées pour la gestion de notre ville en crise.
Pourquoi les Verts ont-il presque trois point de moins au Conseil communal et les Vert’s libéraux presque trois point de plus qu’au Conseil général ?
Au Conseil communal, les Verts ont 20,6 % et 23,5 % au Conseil général. A l’inverse, les VL ont 7,2 % au CC contre 4,5 % au CG. Pourquoi ces écarts ? Il faut examiner le nombre d’électeurs qui ont mis dans leur enveloppe des bulletins de parti (et pas un bulletin sans dénomination).
Nombre de bulletins compacts ou modifiés reçus par chaque parti
PLR | PS | POP | Verts | UDC | VL | |
Conseil communal | 1344 | 1284 | 1198 | 1503 | 926 | 372 |
Conseil général | 1498 | 1304 | 1281 | 1773 | 911 | 317 |
Différence CC-CG | – 144 | – 20 | – 83 | – 270 | + 15 | + 55 |
Les électeurs socialistes et UDC ont été les plus nombreux fidèles à leurs partis puisqu’ils sont peu à avoir voté différemment pour le CC et le CG.
Un nombre significatif d’électeurs des autres partis (Verts et VL surtout, c’est frappant) ont voté différemment pour les deux Conseils.
En gros, un électeur vert sur six qui a voté vert pour le Conseil général n’a pas voulu donner tous les pouvoirs à son parti favori. Il a donc choisi de voter en panachant ses personnes favorites pour l’exécutif sur un bulletin sans dénomination.
A l’inverse, un électeur vert’libéral sur six qui a choisi la liste VL pour le Conseil communal a voté différemment pour le Conseil général. On peut en conclure qu’il a voté vert au Conseil général tout en soutenant les VL qui souhaitaient entrer au Conseil communal.
On en conclut que la possibilité de voter pour deux élections différentes donne une liberté supplémentaire aux électeurs. Au Conseil communal ils peuvent donner des préférences importantes à des personnes ; au Conseil général, ils soutiennent plutôt la ligne de leur parti préféré pour l’élection en question.
Catégories :Analyses politiques