Voici de brefs butinages sur le budget 2021, les interrogations qu’il suscite et le point de vue des partis à travers leurs représentants à la commission financière.
Comme modeste nouveau « media » local, nous avions souhaité assurer mardi 22 décembre notre 3e LIVE du Conseil général pour les très nombreux internautes qui nous ont suivi le 20 octobre et le 13 novembre. Pour des raisons bien compréhensibles que nous saluons d’ailleurs, la séance du Pavillon des sports est strictement contrôlée sur le plan sanitaire. Seul·e·s cinq journalistes accrédité·e·s, les élu·e·s, les suppléant·e·s et certains membres du Parlement des jeunes ont le droit d’y assister avec des règles très strictes à respecter.

1. L’accroissement du déficit
La situation financière de la Ville est, selon les points de vue, mauvaise ou calamiteuse. Pour des charges globales d’environ 255 millions, il manque 20 millions, soit 5 millions de plus qu’en 2020 et 13 de plus qu’en 2019.
2. Les causes de cette hausse
Elles sont triples selon la commission financière :
- « La diminution constante de la population qui passe de 39’045 (en 2014) à 37’140 habitants en août 2020, soit une perte de 1905 habitants. Si l’on estime que ces personnes représentent 600 contribuables qui paient CHF 2’000.- d’impôt par année, c’est une perte fiscale de CHF 1.2 mios que la Ville enregistre à la suite de ces départs » (tiré du rapport de la commission financière).
- Les réformes fiscales votées par le Grand Conseil en 2019 qui nous font perdre 4,7 mios (l’impôt foncier des personnes physiques d’environ 2 mios ne permet pas de compenser les pertes sur les personnes physiques et morales de 6,7 mios (respectivement 5,4 mios et 1,3 mio)
- L’impact du Covid-19 sur la fiscalité : environ CHF 10 mios (moins de rentrées car moins grands revenus déclarés par des gens mis au chômage partiel et par des entreprises ayant perdu du chiffre d’affaires
3. L’état de la dette et des intérêts de l’emprunt « toxique »
Sur ses charges de 250 mios, la Ville paie 9 millions d’intérêts pour une dette globale qui se chiffrait à 430 mios fin 2019. Elle risque de monter à 460 millions fin 2021. Ce n’est en soi pas catastrophique car les taux d’intérêt des emprunts sont bas. À noter que le fameux emprunt toxique de 20 millions contracté en 2007 à un taux fixe favorable durant 7 ans mais sans plafond d’intérêts a coûté à la ville environ 0,5 mio en 2019. Le prêt consenti sur 15 ans se termine heureusement en 2022. Il avait un taux fixe particulièrement intéressant (2,63%) durant les sept premières années. Ensuite (dès 2015), les intérêts se calculent sur une formule basée sur le cours de l’euro. Agrémenté d’un facteur multiplicateur, le taux a explosé avec la plongée de la monnaie européenne. Et le contrat ne prévoyait pas de plafond…
À la fin de la brochure du budget 2020, nous sommes tombés sur deux indicateurs financiers : le taux d’endettement net et la part des charges d’intérêt dans le revenu disponible. Très mauvais pour le premier, bon pour le second.


4. Les remèdes possibles à ce déficit
Les partis politiques sont unanimes (ou presque car on ne connaît pas encore la position des Verts libéraux, non représentés à la commission financière) : « Le Conseil communal s’investit intensément dans la reconnaissance par l’État des surcharges géo-topographiques pour notre commune et, au vu de ce qui précède, nous l’encourageons à continuer dans ce sens. » (position du PLR).
Les partis voient donc dans l’acceptation par le peuple de l’initiative géotopo une voie d’amélioration d’un déficit qui devrait rester néanmoins structurel pendant de longues années. « Les déficits prévus pour 2022 à 2024 se situent autour des CHF 15 mios, en ayant tenu compte d’une somme de CHF 10 mios obtenue au titre des surcharges géo-topographiques et de CHF 1 mio pour la subvention au MIH ». En effet, le Conseil communal souhaite bénéficier d’une part importante des 23,3 millions de francs versés au canton par la Confédération pour les surcharges liées à l’altitude.
Vœu pieux ou vision raisonnablement optimiste, nous ne nous prononcerons pas. Le fait est que le POP en fait une question existentielle. ( « À cet égard, le règlement en notre faveur de la péréquation pour surcharges géo-topographique est un premier pas existentiel ».)
5. Combien d’années peut-on tenir à ce rythme ?
La Ville va puiser dans ses réserves ces prochaines années. Sa fortune se montait à 165 mios au 1er janvier 2020. Elle fondrait à 44 millions d’ici 2024 si les 11 millions escomptés du canton ne lui viennent pas en aide. « Cela menacerait notre autonomie financière. Nous devrions alors prendre des mesures drastiques et augmenter les impôts, ou changer notre règlement communal », expliquait récemment Théo Huguenin-Elie à ArcInfo .
6. D’importants investissements
Les éléments marquants du budget d’investissements 2021 (22 millions) sont les travaux sur l’Ancien Stand pour y accueillir le Musée d’histoire naturelle, la requalification de la rue du Docteur-Coullery en véritable axe des musées favorable à la mobilité douce, la fin de l’étude pour la piscine des Mélèzes (travaux partir de 2022) et le lancement de l’étude de rénovation de la patinoire des Mélèzes et de sa centrale énergétique.
Dans le rapport de la commission financière, tous les partis sont unanimes sur la nécessité de ces investissements pour attirer de nouveaux habitants.
Les Verts : « Les investissements que nous nous devons de consentir non seulement pour maintenir notre patrimoine mais également et surtout pour offrir un avenir à notre ville par de nouvelles infrastructures peuvent paraître conséquents mais ils sont nécessaires, voire indispensables si nous voulons donner envie de s’établir ici. »
Le PLR : « Dans la volonté du Conseil communal de se focaliser sur l’attractivité résidentielle, nous soutiendrons les programmes d’investissement prévus. Mais nous serons soucieux que ces investissements ne soient pas des feux d’artifice mais aient des liens entre eux et qu’ils apportent du sens à une vision d’une ville à moyen et long termes. La recherche de l’efficience doit devenir le crédo des investissements. »
Le PS : « Il est tout nécessaire d’investir et faire entrer notre cité dans le XXIe siècle. Nous le devons à la population, encore fragilisée par la pandémie, et aux futurs habitant-e-s que nous devons attirer pour sortir de cette spirale négative. »
Le POP : « Certains investissements bienvenus amélioreront l’attractivité de notre ville. À nos yeux c’est la voie à suivre. Il faut un plan de relance pour mettre un terme à l’austérité en misant sur nos potentiels et se donner une chance de surmonter ces épreuves tout en mettant le Canton face à ses responsabilités. »
L’UDC « Concernant les investissements, nous nous devons d’être rigoureux dans le choix de ceux-ci. Investissons intelligemment, mais avec parcimonie, afin de ne pas laisser mourir notre ville. »
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