Analyses politiques

Muzoo et KO : enfin OK après les réponses de Théo Bregnard devant le Conseil général

La muséographie et l’identité visuelle du Muzoo ont été attribuées à une agence yverdonnoise, KO. Au Conseil général, le groupe PLR a posé sur ce sujet toute une série de questions le 28 octobre 2021, auxquelles le Conseiller communal Bregnard a précisément répondu, en confessant même une maladresse. L’affaire nous paraît close.

Dans de précédents articles, nous avions parlé du logo et du site internet du Muzoo, de la motion populaire initiée par des agences de communication de la ville et de la réponse paradoxale du Conseiller communal Jeanneret au contenu de cette motion.

Nous résumons ici les réponses de Théo Bregnard aux sept questions du conseiller général Alain Vaucher (PLR).

  • Quelles sont les règles des marchés publics applicables d’une manière générale et quelle procédure a été appliquée dans ce cas particulier ?

Théo Bregnard a commencé par expliquer que « les procédures d’appels d’offres publics et sur invitation permettent aux autorités adjudicatrices (Etat, communes, etc.) d’attribuer le marché au prestataire dont l’offre représente le meilleur rapport qualité/prix/services selon les critères définis. L’attribution de marchés publics par les autorités adjudicatrices se base notamment sur l’utilisation parcimonieuse des deniers publics, l’égalité de traitement, la concurrence efficace, la transparence des procédures, le respect des conditions de travail et l’égalité de traitement entre femmes et hommes et l’adjudication impartiale ».

En outre, les autorités adjudicatrices doivent choisir des critères d’évaluation objectifs, vérifiables et pertinents par rapport au marché. Il y a différents types de procédures d’adjudication, qui varient selon la valeur du marché : la procédure de gré à gré (jusqu’à 150’000 francs pour des services), sur invitation (jusqu’à 150’000 francs pour des services) et la procédure ouverte ou sélective (dès 250’000 francs pour des services).

Pour le mandat de scénographie du Muzoo, document de treize pages qui est à disposition des élus, le Conseil communal a procédé selon une procédure de gré à gré, avec le soutien d’une experte reconnue, la responsable des cours de muséologie de l’ICOM suisse, sous le regard également du service des finances garant du cadre légal. La recherche d’acteurs locaux ayant une expérience dans ce domaine n’a pas permis de trouver une entreprise répondant aux critères identifiés. Trois entreprises extérieures à la ville « ont été auditionnées et évaluées selon des critères relatifs au prix, aux compétences et au projet évidemment. Et c’est le Studio KO qui est sorti vainqueur, en particulier pour son expérience dans le domaine scientifique recherché ».

  • Pourquoi la muséographie et le graphisme du logo ont-ils été intégrés dans une seule prestation ?

Pour Théo Bregnard, ce sont deux mandats séparés, « le premier ayant trait à la scénographie avec une réflexion globale sur la question de l’immersion du spectateur dans un espace et un système cohérent qui soutiennent le propos scientifique, avec un accent particulier lié à la vulgarisation pour ce musée que l’on veut ouvert à un large public notamment d’enfants, en lien avec notre Zoo. Le second est arrivé par la suite et est lié à l’identité visuelle. Notre experte et les intervenants extérieurs avec lesquels nous avons pris langue ont largement insisté sur le fait que nous devions penser le projet dans sa globalité, avec une cohérence forte ». Théo Bregnard a alors reconnu une maladresse : « Des créatifs chaux-de-fonniers auraient pu, auraient dû, en fonction des engagements et de ce que défend le Conseil communal, être sollicités. Une maladresse dont on s’excuse dans la mesure où nous avons probablement suivi un peu trop naïvement les grands principes de nos experts. Cependant, précisons que nous sommes bien dans le cadre juridique des marchés publics ainsi que des directives du Conseil communal avec un montant de CHF 20’000.- pour ce mandat, attribué de gré à gré. »

  • Des mandataires locaux ont-ils été sollicités par le passé pour des mandats de muséographie ?

Théo Bregnard a répondu en évoquant comment le Musée d’histoire avait procédé il y a une dizaine d’années pour sa rénovation de 2014. Pour ce projet, comme pour le Muzoo, les responsables se sont faits accompagner par un mandataire expérimenté, Thématis, un des grands acteurs « d’ingénierie culturelle et touristique » qui s’était occupé de l’ensemble du projet avec des droits d’auteurs encore problématiques aujourd’hui. Seul le mobilier avait fait partie d’un lot particulier (« ce que nous ne manquerons pas de faire, comme pour l’ensemble des mandats qu’il reste à attribuer, la construction de la muséographie n’étant pas encore réalisée». Pour le MH, comme pour le Muzoo, on avait  besoin de scénographes expérimentés, qui avaient une vision large et pluridisciplinaire pour assurer le mandat, avec des contraintes importantes en termes de coûts et de timing. « Pour d’autres projets, en particulier les expositions temporaires où les questions globales ou techniques sont moins importantes, les musées se font parfois accompagner de scénographes plus locaux, mais pas avec les compétences recherchées ici. Pour nous, c’est une évidence que pour les expositions temporaires, nous devons continuer de regarder autour de nous, dans un rayon proche afin de développer les compétences locales. De ce point de vue, il est évident qu’au Muzoo, comme ailleurs, nous poursuivrons notre collaboration avec les acteurs locaux, graphistes en particulier

  • Dans le cas du Muzoo, quels fournisseurs de prestations ont été approchés ?

Avec ses experts, Théo Bregnard et ses responsables ont défini un certain nombre de prestataires possibles, en lien avec les exigences demandées, dont il est ressorti quatre grandes entreprises. Le gagnant a été Studio KO. Les autres noms ont été communiqués à la commission des institutions zoologiques sous le couvert de la confidentialité qui sied aux commissions.

  • Les services de la communication et de l’économie ont-ils été consultés ?

Le Muzoo a travaillé avec des experts du domaine des musées, indépendamment de la communication. Pour le service de l’économie, on se réjouit déjà de son retour, de son développement pour intensifier les liens avec les acteurs économiques de la place, mais ici, c’était évidemment encore trop tôt puisque ce service est actuellement encore sans chef de service.

  • Quel est le montant annuel des mandats attribués par la Ville et entités parapubliques aux agences de communications de la ville ?

Le service des finances a fourni à Théo Bregnard la liste des dix-sept agences de communication avec lesquelles le Conseil communal travaillé ces cinq dernières années, dont quinze de la ville, une de Neuchâtel et une autre de Lausanne pour un petit montant en 2019. « Si l’on ajoute encore le TPR, institution phare de la ville, dont on est la principale entité subventionnante, la somme atteint environ 780’000 francs sur 6 ans, soit environ 130’000 francs par année. » Le conseiller communal a ajouté que le projet de Capitale culturelle avance bien, avec comme mandataire Olivier Schinz. Récemment le programme de législature ou des petits films promotionnels ont été confiés à des agences locales, « autant d’éléments communicationnels que nous développerons évidemment avec les graphistes et cinéastes locaux ».

  • Quelles conclusions le Conseil communal pense apporter à cette affaire ?

La réponse de Théo Bregnard, mérite d’être citée dans son intégralité, telle que nous l’avons transcrite après l’avoir enregistrée sur place. « Nous ne pouvons que regretter de n’avoir pas réussi à nous retrouver autour d’une table (…) pour avancer ensemble, pour construire l’avenir dans cet esprit développé depuis le début de la législature (…) dans notre programme de législature ou encore au travers de la volonté de développer une démocratie participative. Nous reconnaissons aussi la maladresse autour de l’identité visuelle pour laquelle nous nous excusons, mais nous espérons surtout que nous arriverons à poursuivre la dynamique que nous souhaitons avec les acteurs locaux. Des projets sont là et nous travaillerons avec les graphistes de la place, reconnu loin à la ronde, pour faire rayonner notre ville.  Une lettre de réponse est partie aujourd’hui auprès de ces acteurs et nous espérons que les précisions de ce soir ainsi que la lettre ramèneront un peu de sérénité dans ce beau projet de Muzoo qu’on espère pouvoir inaugurer à l’été prochain. Précisons, peut-être pour conclure et pour lever toute ambiguïté, qu’à ce jour, seul un mandat de muséographie a été attribué et un autre lié à l’identité visuelle. Pour le reste, nous poursuivrons la ligne qui a été la nôtre pour la rénovation du bâtiment de l’Ancien-Stand, avec plus de 90% des mandataires qui sont chaux-de-fonniers et 100% neuchâtelois. C’est dans cet esprit et en ouvrant évidemment les mandats aux acteurs locaux que nous avancerons. »

L’interpellateur Alain Vaucher s’est déclaré tout à fait satisfait des réponses du Conseil communal.

Pour notre part, nous tirons trois conclusions de cette affaire que nous estimons close :

  • Le Conseil communal aurait dû, pour la forme au moins, solliciter le collectif chaux-de-fonnier, même peu expérimenté, pour faire une offre de projet muséographique.
  • Il a parfois de la peine à canaliser les options prises trop précipitamment par certains chefs de service. L’exemple du troll nous revient en mémoire.
  • Il devrait se coordonner dans les réponses sensibles fournies à la presse afin que des paroles malheureuses et arrogantes comme celles de J.-D. Jeanneret ne créent pas d’effets repoussoir.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s